Denis Dumoulin: À l’enseigne du Lion de Bohême

Une anthologie des relations culturelles dans l’histoire
de Pays tchèques et suisses

À L’ENSEIGNE
DU LION DE BOHÊME

par Denis Dumoulin

À PROPOS DU LIVRE

Parce qu’il avait défié l’autorité de Rodolphe de Habsbourg, récemment élu empereur du Saint-Empire, le roi tchèque Ottakar a-t-il sans le savoir encouragé le désir d’autonomie des Waldstätten au XIIIe siècle? Pourquoi les reliques de saint Sigismond ont-elles été emmenées de Saint-Maurice d’Agaune à Prague? Comment se fait-il que les premières descriptions de la Suisse aient été le fait de voyageurs tchèques? Sait-on assez que l’essentiel des splendeurs baroques de Bohême et de Moravie sont dues à des bâtisseurs tessinois? Que la Suisse moderne a été libérée de l’occupation napoléonienne par un général tchèque? Que la première mention de la Tchécoslovaquie ait été faite à Genève et à Zurich par le futur Président Tomáš Garrigue Masaryk? Que des Suisses ont participé à la libération du ghetto nazi de Theresienstadt? Que le défunt Président Václav Havel a reconnu officiellement le rôle éminent que des Suisses ont joué dans l’aide aux écrivains tchèques et slovaques dissidents à l’époque du totalitarisme communiste? Que tant d’artistes, de scientifiques et d’écrivains tchèques et suisses ont contribué de manière décisive à la découverte de leur culture réciproque?

Trente ans après la Révolution de Velours, cette étude tente de faire le bilan de ces questions en proposant un florilège de ces relations culturelles. Bilan incomplet sans doute, tant sont nombreux les événements historiques et les figures de premier plan qui auraient mérité de figurer en bonne place dans cette anthologie. Quelques exemples notables voudraient pourtant montrer l’importance et la permanence d’échanges culturels très anciens entre deux pays assez éloignés l’un de l’autre, mais si fondamentalement européens. Ceci voudrait être un essai sur des paradoxes qui ne sont apparents que lorsqu’on les voit isolément. Ou un manifeste pour une connaissance plus cordiale de l’Europe. Et au travers de ces exemples, une tentative de faire un sort aux idées reçues, aux malentendus et aux approximations qui parsèment notre connaissance de l’Europe centrale, celle des Pays tchèques en particulier.

LE CONTENU
DU LIVRE

Au XIIIe siècle, la victoire de l’empereur Rodolphe Ier sur le roi tchèque Ottokar Premysl II déplace le centre d’intérêt des Habsbourg du massif alpin vers les plaines du Danube. Les Waldstätten, sujets des Habsbourg, profitent probablement de cette nouvelle situation.

Au Moyen Age, lorsque le Tchèque Charles IV accède au siège impérial, de nombreux monastères de tout l’empire sont confrontés à la passion de Charles pour les saintes reliques. Einsiedeln, Saint-Maurice d’Agaune et Saint-Gall n’y échappent pas.

Des aristocrates tchèques des XVe et XVIIe siècles traversent le Plateau suisse d’Est en Ouest. Dans leurs journaux de voyage, ils donnent ainsi une image inhabituelle de la Confédération de l’époque.

La fondation par Pierre Canisius du Clementinum de Prague et celle du Collège Saint-Michel de Fribourg sont très semblables. Elles procèdent très clairement des mêmes intentions et illustrent les mêmes méthodes d’action des jésuites en matière d’éducation au XVIe siècle.

La plus célèbre statuette religieuse de Bohême a connu une immense popularité. On en retrouve des copies dans toute l’Europe, notamment dans la ville et dans les campagnes de Fribourg.

La présence en Bohême d’artistes originaires des pays suisses à l’époque du Baroque est considérable. Un peintre bâlois à la cour pragoise de Rodolphe II et des dizaines d’architectes tessinois actifs dans toute la Bohême l’attestent de manière éclatante.

La Guerre de Trente Ans attire de nombreux aventuriers dans les zones de combat. Ils tentent de tirer des conflits gloire et surtout profit. Dans les Pays tchèques, c’est le cas des frères Koenig. L’aîné, François-Pierre, fut quelques années durant le seigneur d’un domaine en Moravie.

Dans son texte autobiographique, le « Pauvre homme du Toggenbourg » raconte comment il fut enrôlé de force dans l’armée du roi de Prusse et comment, en Bohême, il déserta lors d’une des batailles de la Guerre de Sept Ans.

Si des généraux suisses ont joué un rôle dans les conflits armés de la fin de l’Ancien Régime en Bohême, c’est à un général tchèque que l’on doit aussi la fin de la tutelle napoléonienne sur la Confédération.

Chassés de France par la révolution, des Trappistes français se réfugient en pays fribourgeois et valaisan. Lors de l’invasion des cantons suisses, ils doivent à nouveau s’enfuir et traversent à pied une bonne partie de l’Europe centrale. Ils feront notamment étape en Bohême occidentale.

Deux ecclésiastiques tchèques font découvrir la musique classique aux Suisses

Au cours du XIXe siècle, deux Tchèques déploient une activité artistique considérable en Suisse. Ils contribuent grandement à l’éducation musicale et au développement des concerts classique, à Fribourg et à Lausanne en particulier.

Le marbre de Saillon à Prague
L’aventure du marbre cipollin en Tchécoslovaquie

L’aventure du marbre cipollin est au croisement du développement économique du Valais et de celui de l’architecture moderne en Europe centrale. Le marbre exploité à Saillon au début du XXe siècle a été utilisé notamment à Prague par l’architecte tchèque Adolf Loos.

Adulé ou détesté, le Suisse romand William Ritter a eu l’immense mérite de faire connaître au public francophone européen aussi bien les grands compositeurs que les peintres tchèques.

Lorsque les réseaux universitaires européens se développent au début du XXe siècle, les échanges entre scientifiques suisses et tchécoslovaques connaissent un essor certain. Mathématiciens, théologiens, philosophes ou ingénieurs se retrouvent dans nombre de hautes écoles des deux régions.

Olga, une des filles de Masaryk, avait épousé un médecin genevois. De ce mariage sont nés deux fils qui vivaient en Romandie et qui rencontraient régulièrement leur grand-père à Prague ou en Suisse. En outre, l’architecture politique de la Suisse intéressait beaucoup le premier président de la Tchécoslovaquie.

Comme il avait touché la France et l’Angleterre, le goût de la Suisse a aussi intéressé l’Europe centrale. Architecture rurale, pratiques pastorales, collections artistiques et même légendes suisses sont bien présentes dans tous les Pays tchèques au XIXe siècle.

Souvent méconnues, les actions de trois Suisses dans l’enfer du ghetto de Theresienstadt semblent incarner assez bien les différentes positions des Européens et des Suisses face aux persécutions nazies.

Martinu, un des plus grands compositeurs tchèques futt accueilli par un mécène bâlois. Il passa plusieurs années fertiles en Suisse et y mourut en 1959. Vingt ans plus tard, après de curieuses tractations entre la Suisse et la Tchécoslovaquie, sa dépouille fut rapatriée dans sa ville natale de Polička.

Les littératures tchèques et suisses ne sont pas étrangères les unes aux autres. Plusieurs auteurs tchèques ont vécu en Suisse, d’autres y ont été édités durant la période du totalitarisme, nombre d’œuvres suisses ont été traduites en tchèque.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Historien fribourgeois, Denis Dumoulin est né en 1948. Il a obtenu une licence en histoire moderne et contemporaine à l’Université de Fribourg. Après une carrière d’enseignant au Lycée-Collège des Creusets à Sion, il a entamé une recherche de plusieurs années en Suisse et en République Tchèque pour réunir quelques-uns des exemples les plus frappants d’une histoire culturelle commune aux deux pays.

“À l’enseigne du Lion de Bohême” – Une anthologie des relations culturelles dans l’histoire des pays Tchèques et Suisses.

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DU LION DE BOHÊME

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